Le mot “sténopé” désigne étymologiquement une ouverture étroite, resserrée… Appliqué à l’optique, c’est le système le plus simple pour projeter une image à l’intérieur d’une chambre noire… Le principe en est connu au moins depuis l’antiquité grecque (Aristote en parle, dans ses “problématiques”), mais il ne commencera à être véritablement décrit et étudié qu’au 11ème siècle par Abu Ali ibn- Hasan, connu en Occident comme Alhazen, un savant arabe. Suivront Bacon, Léonard de Vinci, Kepler…
Le premier usage de la chambre noire fut l’invention de machines à dessiner (on projetait l’image sur une feuille translucide et on redessinait en suivant les formes de la projection). Vermeer notamment a su faire un usage particulièrement subtil de ces machines à dessiner…
Mais il faudra attendre l’invention des procédés photographiques pour que cette image, tellement lumineuse à l’intérieur de la chambre noire, puisse être capturée, révélée, fixée enfin, puis mise au jour.
Il peut paraître paradoxal qu’en ce siècle du numérique on s’intéresse encore à la fabrication puis à l’usage de boîtes faites de bric et de broc, pour enregistrer des images sur des supports aussi improbables que du papier ou du film gélatiné aux sels d’argent…
Mais c’est ce bric et ce broc, qui ne coûtent que la peine de leur récupération et de leur transformation qui nous intéresse… Vous trouverez sur ce site des conseils pour la fabrication de boîtes et le perçage de trous, des témoignages d’expérimentations, des photographies réalisées au sténopé, des liens vers des sites de photographes, d’artistes, de bricoleurs, d’amateurs à travers le monde… De quoi susciter le désir de faire, d’agir, de reprendre le pouvoir de réflexion, de décision, d’invention plutôt que d’être agi par les machines numériques… Peut-être aussi pour être capable par ricochet de leur tendre des pièges, de déjouer leurs algorithmes, de les mettre en crise…
Bonne balade sténopique à tous !!!